Plusieurs blogueurs ont estimé que la presse en ligne se faisait "acheter" par Nicolas Sarkozy en acceptant des aides de l'Etat et risquait de perdre son indépendance. Qu'en est-il?
Ces aides ne sont pas octroyées par le Président de la république. Les dossiers sont instruits par des fonctionnaires qui se prononcent sur la base de critères techniques, précisément définis par une loi et un décret parus fin 2009. Une commission paritaire composée à 50% de représentants de l’administration et de 50% de représentants des éditeurs (dont le Spiil) examine ensuite les dossiers et émet un avis. Formellement, c’est le ministre de la Culture qui, in fine, décide des aides, mais il suit toujours l’avis de la commission paritaire.
Plus d’information sur le fonds Spel.
Mais alors pourquoi ces aides publiques ne sont-elles pas rendues publiques ?
On doit effectivement se poser cette question. Il est totalement anormal que les aides à la presse en ligne, comme d’ailleurs toutes les aides à la presse, demeure opaques. C’est pourquoi le Spiil a demandé, dès la première réunion de la commission paritaire, une totale transparence sur ces aides. Le Spiil a ensuite écrit au ministre Frédéric Mitterrand pour lui demander de publier les aides octroyées sur le site de la Direction générale des medias et des industries culturelles (DGMIC, auparavant DDM). Nous attendons sa réponse.
Voir la lettre du Spiil au ministre.
Pourquoi accepter des aides publiques ?
Le Spiil a réclamé depuis sa création une équité et une transparence dans la répartition des aides à la presse. Etait-il normal que des sites de journaux puissent bénéficier de ces aides alors que des entreprises nouvelles exerçant dans les mêmes conditions et employant des journalistes en soient écartées ? Par comparaison, un article de Libération estime le montant total des différentes aides publiques à la presse à 900M€ pour 2010.
Le fonds Spel (aide au développement des services de presse en ligne), récemment créé, est le premier fonds public ouvert aux médias numériques non adossés à un média existant. Il est doté de 20 millions d'euros par an pendant 3 ans. Ces subventions ne servent pas à subventionner le fonctionnement quotidien des sites (autrement dit à en assurer les fins de mois) mais à financer des projets de développement. Elle couvrent 40% à 60% du montant total du projet (selon la catégorie du site). Le solde doit être financé par l'entreprise éditrice du site sur ses fonds propres.
Arrêt sur Images n’a pas demandé d’aides au fonds Spel. Pourquoi ?
Les membres du Spiil ont en commun le souci de reconnaissance de la presse en ligne, l’équité entre tous les acteurs de presse, papier ou en ligne, ainsi que la transparence des aides publiques.
Chaque membre du Spiil décide de l'opportunité ou non de déposer un dossier.
Plusieurs membres du Spiil ont expliqué sur leur site quel était leur position.
Comment savoir que ces aides soient effectivement utilisées pour les projets auxquels elles sont destinées ?
Contrairement à toutes les pratiques en vigueur jusqu’à présent, les membres du Spiil ont décidé de rendre publics le montant et la nature des aides qui leur ont attribuées, et ceci avant même leur confirmation officielle. Ainsi, chacun pourra vérifier que les aides versées ont effectivement servi à financer le développement de nouveaux services en ligne. Les éditeurs du Spiil estiment qu’ils ont un devoir moral de transparence vis-à-vis de leurs lecteurs. C’est le gage de leur indépendance.
Les positions du Spiil engagent-elles chacun des membres du syndicat ?
Les positions du Spiil sont représentatives de l’ensemble des membres du syndicat. Elles sont élaborées par le bureau du Spiil, élu en Assemblée générale par l’ensemble des membres.
Cependant, chaque membre du Spiil est libre de ses prises de positions personnelles, dans la limite du respect des engagements pris lors de son adhésion au syndicat, définis dans les statuts.